« Volontiers, mais… » – Réserves et réponses à ce sujet

Les jeunes gens qualifiés, d’origine étrangère, méritent d’avoir leurs chances. Il ne faudrait pas les considérer a priori sous un jour défavorable. Dans maints endroits, les jeunes étrangers n’ont pourtant pas particulièrement bonne réputation. Cela peut constituer un défi de traiter chaque candidature avec l’ouverture et l’équité requises, lorsque des interrogations sont dans l’air, circulent dans l’entreprise ou se bousculent dans son propre for intérieur.

Voici quelques réponses à des questions posées fréquemment :

Engageriez-vous des jeunes gens d’origine étrangère ? « Volontiers, mais… »

  • Il existe des jeunes gens qualifiés dont les parents sont mal intégrés ou ne parlent pas suffisamment bien le français. Il convient d’établir une bonne communication avec la famille, avant que les problèmes ne surgissent. Quelques stratégies :

    • Dans nombre de familles, des frères et sœurs aînés, bien intégrés, ou un-e cousin-e peuvent assumer ce rôle. Renseignez-vous pour savoir avec quel membre de la famille vous pouvez avoir un contact et parler. Avec qui l’enseignant-e parle-t-il/elle ?
    • Le fait de faire appel à des intermédiaires ou à des médiateurs interculturels (des interprètes ayant reçu une formation spécialement pour cette tâche) simplifie l’entretien. Ces personnes ont les connaissances nécessaires pour comprendre la toile de fond culturelle des deux camps. Il existe dans chaque canton un service d’interprétariat communautaire. inter-pret.ch
    • Y a-t-il au sein de l’entreprise quelqu’un qui connaît la langue des parents et peut traduire pour eux ? Mais lors d’entretiens délicats, il faut que la confidentialité soit expressément garantie, afin d’éviter les rumeurs.
  • La candidature, un stage d’initiation et l’entretien d’embauche ne suffisent pas toujours à cerner un caractère. On est plus ou moins convaincu par une candidature, mais on souhaiterait l’examiner de plus près. Le plus simple est de contacter des références. Si celles-ci ne suffisent pas, une semaine d’initiation permet de bien évaluer l’attitude envers le travail.
  • Autres pays, autres mœurs. Expliquez directement et d’entrée de jeu, en tête à tête, ce que vous attendez concrètement : manières de saluer, politesse, ponctualité, etc. Les apprenants doivent savoir ce qui est important pour l’entreprise, mais aussi savoir qu’ils peuvent poser des questions en cas d’incertitudes. Si, en votre qualité de maître d’apprentissage, vous avez par exemple des questions liées à la religion, vous pouvez les expliciter : dans quelle mesure la religion pourrait-elle influer sur le travail, comment le Ramadan sera-t-il observé, existe-t-il des règles alimentaires importantes, etc. ? Les solutions sont faciles à trouver si les questions ont été soulevées assez tôt.
  • De nombreux jeunes gens sont bons dans la pratique, mais leur prestation scolaire laisse à désirer. Il existe actuellement dans toutes les écoles professionnelles spécialisées des cours d’appui et des cours de perfectionnement pour le français, les maths et d’autres disciplines, cours qui ont lieu la plupart du temps le samedi ou le soir. Ils permettent de combler certaines lacunes. Convenez par écrit de la fréquentation de ces cours, si cela est indiqué. Si cela ne suffit pas, des « formations initiales sanctionnées par une attestation (AFP) » sont désormais offertes dans de nombreuses professions, elles sont mises au point pour remplacer la formation élémentaire antérieure. La formation sanctionnée par une attestation donne davantage de temps à l’apprenant, lui offre aussi un certificat de qualification et la possibilité de reprendre ensuite l’apprentissage professionnel. Pour plus d’informations, consultez le site : www.bbt.admin.ch/themen/grundbildung/00107/00366/ index.html?lang=fr
  • Souhaitez-vous engager une personne d’origine étrangère, tout en ayant des doutes quant à l’attitude xénophobe de certains collaborateurs ? En Suisse, les opinions sont très diverses à propos de la migration et de l’intégration. Certaines personnes ont fait une mauvaise expérience avec de jeunes étrangers ou en ont entendu parler. Même si certains jeunes gens ont dépassé les bornes, il ne faut pas les mettre tous dans le même panier.
    Si quelqu’un dans l’entreprise a quelque chose contre une origine, demandez-lui calmement ce qu’il pense et quelles sont ses expériences. S’il a fait une mauvaise expérience, on peut faire preuve de compréhension, tout en soulignant que d’autres jeunes gens de la même origine méritent tout de même d’avoir leurs chances. Nous souhaitons tous que les jeunes gens soient mieux intégrés et ne se singularisent pas. La meilleure condition préalable à cet effet est une formation achevée. Expliquez que les jeunes étrangers ont un potentiel, dont votre entreprise ne devrait pas se priver. Enfin, tous les collaborateurs de l’entreprise, et en particulier la direction, doivent veiller à ce que l’égalité des chances, et non pas l’intolérance, fasse partie de la culture d’entreprise. L’équité (fairness) est un pilier de notre économie, de notre société et de notre démocratie.
  • Maintes personnes n’ont pas encore compris que l’égalité des chances est bonne pour l’économie et pour la société. Elles ne remarquent pas qu’un apprentissage sur quatre est accompli par un jeune étranger. Peut-être repensent-elles aux années où seuls quelques jeunes gens faisaient un apprentissage. Aujourd’hui, 90 % de chaque « volée » terminent un apprentissage professionnel en obtenant au moins un certificat. C’est ainsi seulement que la Suisse peut rester compétitive. Quiconque ne trouve pas de débouché après la scolarité connaît souvent des problèmes avec lui-même ou avec son entourage. Cela coûte plus cher à tout le monde.
    Montrez du courage civique ! Si de telles remarques surgissent, écoutez-les avec calme et ne vous laissez pas provoquer. Vous savez que vous avez fait correctement les choses. Demandez aux autres quelles sont leurs solutions. Expliquez-leur que la Suisse ne pourra pas renoncer au potentiel que représentent les jeunes gens d’origine étrangère. Qui paie par exemple notre AVS ?
  • De nombreux jeunes gens sont qualifiés pour apprendre un métier, mais ils n’ont pas de permis d’établissement (C) ni de permis de séjour (B). Ils sont au bénéfice d’une « admission provisoire » avec un permis F et restent en règle générale plusieurs années, voire plusieurs décennies en Suisse (par exemple, un retour au pays serait impensable pour de jeunes Somaliens, parce qu’il continue d’y régner le chaos et la guerre civile). Ces jeunes gens sont assimilés et obtiennent généralement une autorisation cantonale pour leur formation.
    Ne vous laissez pas rebuter par un formulaire à remplir avant d’engager un jeune qui a des capacités ! La formation d’un jeune au bénéfice d’une admission provisoire en Suisse est une contribution importante. L’Office cantonal de la formation professionnelle ou le service local d’orientation professionnelle pourra vous être utile pour les formalités. Si tel n’est pas le cas, vous pouvez prendre contact avec le service de consultation de NCBI Fairness (schweiz@ncbi.ch).


« C’est le seul métier que je veux faire ! C’est celui dont je rêve ! »
Ivana Sikovska, employée de commerce de détail, 1ère année d’apprentissage

« Je parle parfaitement bien l’anglais et l’allemand, et je comprends le philipino. »
Audrey Moreno, dessinatrice en bâtiment, 1ère année d’apprentissage

« Après mon EPS, j'aimerais aller dans une haute école spécialisée ou faire l'école d'interprète. »
Fatima Itani, employée de commerce, 2e année d’apprentissage

« Mon objectif est clair : après mon apprentissage, je suivrai une formation de spécialiste des soins. »
Mirvete Bislimi, assistante en soins et santé communautaire, 2e année d’apprentissage

« Les jeunes étrangers devraient pouvoir, eux aussi, connaître la réussite, ils font partie de notre société. »
Werner Sitzer, ébéniste (meubles), formateur